Aller au contenu

Page:Stein - Les Architectes des cathédrales gothiques, Laurens.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
LES ARCHITECTES

avaient rendu nécessaire l’édification d’une nouvelle église ; l’évêque Milon de Nanteuil résolut de l’entreprendre. L’abside et le chœur proprement dits, où la légèreté le dispute à la délicatesse, furent commencés aussitôt et terminés en 1272, et l’on songeait à poursuivre plus avant lorsqu’une catastrophe, due à l’écartement trop considérable et à l’élévation incroyable des piliers, arrêta les travaux : une partie de la voûte s’effondra le 29 novembre 1284. De cette date à 1338, près de 80 000 livres, somme énorme pour l’époque, furent dépensées en réparations ; et la consolidation indispensable, consistant principalement dans le doublement du nombre des travées et dans l’établissement de nouveaux piliers intercalaires (dont l’effet vint nuire à l’élégance première), paraît avoir été presque entièrement l’œuvre du maître d’œuvre Guillaume de Roye (secondé par l’appareilleur Albert d’Aubigny). En 1342, le chapitre cathédral, que les événements antérieurs avaient rendu sans doute peureux, jugea à propos de faire venir de Paris trois experts pour visiter la construction ; le gros œuvre était à peu près terminé. D’ailleurs les événements politiques ralentirent singulièrement les travaux ; durant cent ans on se contenta de réparer et de consolider à nouveau le chœur. On ne se décida à reprendre la tradition qu’en août 1499, mais alors une nouvelle ère commençait, et les méthodes d’art se transformaient.

Avec Amiens, nous entrons dans un édifice de premier ordre, un édifice-type où l’art a su réunir le maximum de ses ressources, et où il semble qu’il se soit le plus appro-