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Page:Steinheil - Mes Memoires, 1912.djvu/401

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MES MÉMOIRES 3U7

répondit que j’avais besoin de repos et ils n’insistèrent pas.

Sur le bateau, une grande angoisse m’étreignit à la gorge... Il faisait très froid... et les côtes de France disparaissaient.

A Londres, le train stoppa à une station avant celle de Charing-Cross, et l’un des Anglais qui m’avaient suivie depuis Paris, vint me dire : « Madame, je sais qu’il y a une foule de journalistes et de photographes à Charing -Cross qui vous attendent. Croyez-moi, descendez vite ici...

Mais il était trop tard ; je n’eus pas le temps de suivre cet excellent conseil...

J’étais à peine sortie de mon compartiment que déjà j’entendais des explosions de magnésium... Et une quarantaine de journalistes se précipitèrent vers moi. Quelques-uns parlaient le français — sans doute les correspondants londoniens de journaux parisiens ; d’autres me parlaient en anglais ou en mauvais français ... Je poussai le docteur Mignon dans une voiture et sautai derrière lui. Des automobiles nous suivaient. Je dis au cocher : « Hôtel. ..Find ! » (Hôtel... Trouvez !) car je ne savais alors que fort peu d’anglais.

Il était environ six heures. Nous essayâmes d’obtenir des chambres dans un hôtel, mais la meute de journalistes à mes trousses effraya celui qui nous reçut, et il fallut aller ailleurs. Deux, trois fois, ce fut la même chose... J’étais à bout de force... Je me tournai vers les reporters et les suppliai d’avoir pitié...

Enfin, on me donna une chambre et je pus me reposer. Oh ! pas longtemps : deux heures... Le manager de l’hôtel vint me dire : « Madame, je suis désolé, mais on assiège littéralement cet hôtel depuis que vous y êtes... » Il nous donna asile cependant, au docteur Mignon et à moi, une heure de plus et promit généreusement de nous aider à dépister la presse.

Le docteur téléphona à un de ses amis, un avoué,