sait des réponses brusques qui faisaient baisser les yeux aux présents, et rougir la duchesse, qui ne contraignait point ses manières passionnées pour lui. »
Riom était pour la duchesse un remède souverain à l’ennui.
Une femme célèbre dit tout à coup au général Bonaparte, alors jeune héros couvert de gloire et sans crimes envers la liberté : « Général, une femme ne peut être que votre épouse ou votre sœur. » Le héros ne comprit pas le compliment ; l’on s’en est vengé par de belles injures. Ces femmes-là aiment à être méprisées par leur amant, elles ne l’aiment que cruel.
CHAPITRE XXXIX BIS.
REMÈDES À L’AMOUR.
Le saut de Leucade était une belle image dans l’antiquité. En effet, le remède à l’amour est presque impossible. Il faut non-seulement le danger qui rappelle fortement l’attention de l’homme au soin de sa propre conservation[1], mais il faut, ce qui est bien plus difficile, la continuité d’un danger piquant, et que l’on puisse éviter par adresse, afin que l’habitude de penser à sa propre conservation ait le temps de naître. Je ne vois guère qu’une tempête de seize jours, comme celle de don Juan[2] ou le naufrage de M. Cochelet parmi les Maures ; autrement l’on prend bien vite l’habitude du péril, et même l’on se remet à songer à ce qu’on aime, avec plus de charme encore, quand on est en vedette, à vingt pas de l’ennemi.