Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/124

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Presque au même instant, Jules Branciforte reçut de lui un coup de sabre horizontal sur le front. Ce coup avait été lancé avec tant d’adresse, que la toile qui lui couvrait le visage tomba en même temps qu’il se sentit les yeux aveuglés par le sang qui coulait de cette blessure, d’ailleurs fort peu grave. Jules éloigna son cheval pour avoir le temps de respirer et de s’essuyer le visage. Il voulait, à tout prix, ne point se battre avec le frère d’Hélène ; et son cheval était déjà à quatre pas de Fabio, lorsqu’il reçut sur la poitrine un furieux coup de sabre qui ne pénétra point, grâce à son giacco, mais lui ôta la respiration pour un moment. Presque au même instant, il s’entendit crier aux oreilles :

Ti conosco, porco ! Canaille, je te connais ! C’est comme cela que tu gagnes de l’argent pour remplacer tes haillons !

Jules, vivement piqué, oublia sa première résolution et revint sur Fabio :

Ed in mal punto tu venisti[1] ! s’écria-t-il.

À la suite de quelques coups de sabre précipités, le vêtement qui couvrait leur cotte de mailles tombait de toutes parts. La cotte de mailles de Fabio était dorée

  1. Malheur à toi ! tu arrives dans un moment fatal !