Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui demanda la permission d’aller à Castro. Fabrice Colonna fronça le sourcil :

— L’affaire du petit combat n’est point encore arrangée avec Sa Sainteté. Vous devez savoir que j’ai déclaré la vérité, c’est-à-dire que j’étais resté parfaitement étranger à cette rencontre, dont je n’avais même su la nouvelle que le lendemain, ici, dans mon château de la Petrella. J’ai tout lieu de croire que Sa Sainteté finira par ajouter foi à ce récit sincère. Mais les Orsini sont puissants, mais tout le monde dit que vous vous êtes distingué dans cette échauffourée. Les Orsini vont jusqu’à prétendre que plusieurs prisonniers ont été pendus aux branches des arbres. Vous savez combien ce récit est faux ; mais on peut prévoir des représailles.

Le profond étonnement qui éclatait dans les regards naïfs du jeune capitaine amusait le prince, toutefois il jugea, à la vue de tant d’innocence, qu’il était utile de parler plus clairement.

— Je vois en vous, continua-t-il, cette bravoure complète qui a fait connaître dans toute l’Italie le nom de Branciforte. J’espère que vous aurez pour ma maison cette fidélité qui me rendait votre père si cher, et que j’ai voulu récompenser en vous. Voici le mot d’ordre de ma compagnie :

Ne dire jamais la vérité sur rien de ce