Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/258

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Par le moyen de Ferdinand, cardinal de Médicis (frère de sa première femme), et de l’ambassadeur catholique[1], il demanda et obtint du pape une audience dans sa chambre : là il adressa à Sa Sainteté un discours étudié, et, sans faire mention des choses passées, il se réjouit avec elle à l’occasion de sa nouvelle dignité, et lui offrit, comme un très fidèle vassal et serviteur, tout son avoir et toutes ses forces.

Le pape[2] l’écouta avec un sérieux extraordinaire, et à la fin lui répondit que personne ne désirait plus que lui que la vie et les actions de Paolo Giordano Orsini fussent à l’avenir dignes du sang Orsini et d’un vrai chevalier chrétien ; que, quant à ce qu’il avait été par le passé envers le Saint-Siège et envers la personne de lui, pape, personne ne pouvait le lui dire mieux que sa propre conscience ; que pourtant, lui, prince, pouvait, être assuré d’une chose, à savoir, que tout ainsi qu’il lui pardonnait volontiers ce qu’il avait pu faire contre Félix Peretti et contre Félix, cardinal Montalto, jamais il ne lui pardonnerait ce qu’à l’avenir il pourrait faire contre

  1. Édition de 1855 : de l’ambassadeur catholique espagnol. N. D. L. É.
  2. Sixte Quint, pape en 1585, à soixante-huit ans, régna cinq ans et quatre mois : il a des rapports frappants avec Napoléon.