Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/259

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le pape Sixte[1] ; qu’en conséquence il l’engageait à aller sur le champ expulser de sa maison et de ses États tous les bandits (exilés) et les malfaiteurs auxquels, jusqu’au présent moment, il avait donné asile.

Sixte-Quint avait une efficacité singulière, de quelque ton qu’il voulût se servir en parlant ; mais, quand il était irrité et menaçant, on eût dit que ses yeux lançaient la foudre[2]. Ce qu’il y a de certain, c’est que le prince Paul Orsini, accoutumé de tout temps à être craint des papes, fut porté à penser si sérieusement à ses affaires par cette façon de parler du pape[3], telle qu’il n’avait rien entendu de semblable pendant l’espace de treize ans, qu’à peine sorti du palais de Sa Sainteté il courut chez le cardinal de Médicis lui raconter ce qui venait de se passer. Puis il résolut, par le conseil du cardinal, de congédier, sans le moindre délai, tous ces hommes repris de

  1. Digne de Napoléon. Si l’on s’était mis à punir les crimes commis sous le faible Grégoire XIII, c’était à n’en plus finir. (Note au crayon de Stendhal sur le manuscrit italien.)
  2. Le vrai portrait de ce grand homme se voit à la sacristie de San Pietro a Vincoli. Il a l’air furibond d’Alceste indigné (Le Misanthrope). Rechercher ce trait dans la vie de Sixte-Quint de Gregorio Leti. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)
  3. S’il eût manqué de respect au Pape, il était mort, ce me semble, ou pour longtemps en prison. Vittoria aurait été fâchée de la prison de son mari, et pourtant elle lui sauvait la vie. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)