Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/279

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Montemelino dont il avait été parlé ci-dessus, ajoutant qu’il donnerait dix mille piastres pour racheter l’un d’eux, et que pour l’autre il donnerait son sang même. Il demanda d’être placé dans un lieu convenable à un homme tel que lui. La chose étant ainsi convenue, il écrivit de sa main aux siens, leur ordonnant de se rendre, et il donna sa bague pour signe. Il dit au seigneur Anselme qu’il lui donnait son épée et son fusil, le priant, lorsqu’on aurait trouvé ses armes dans sa maison, de s’en servir pour amour de lui, comme étant armes d’un gentilhomme et non de quelque soldat vulgaire.

Les soldats entrèrent dans la maison, la visitèrent avec soin, et sur-le-champ on fit l’appel des gens du prince, qui se trouvèrent au nombre de trente-quatre, après quoi, ils furent conduits deux à deux dans la prison du palais. Les morts furent laissés en proie aux chiens, et on se hâta de rendre compte du tout à Venise.

On s’aperçut que beaucoup de soldats du prince Louis, complices du fait, ne se trouvaient pas ; on défendit de leur donner asile, sous peine, pour les contrevenants, de la démolition de leur maison et de la confiscation de leurs biens ; ceux qui les dénonceraient recevraient cinquante piastres. Par ces moyens on en trouva plusieurs.