Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/297

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demandé par des compagnons de voyage auxquels je ne pouvais rien refuser. En 1823, j’eus le bonheur de voir l’Italie avec des êtres aimables et que je n’oublierai jamais, je fus séduit comme eux par l’admirable portrait de Béatrix Cenci, que l’on voit à Rome, au palais Barberini.

La galerie de ce palais est maintenant réduite à sept ou huit tableaux ; mais quatre sont des chefs-d’œuvre : c’est d’abord le portrait de la célèbre Fornarina, la maîtresse de Raphaël, par Raphaël lui-même. Ce portrait, sur l’authenticité duquel il ne peut s’élever aucun doute, car on trouve des copies contemporaines, est tout différent de la figure qui, à la galerie de Florence, est donnée comme le portrait de la maîtresse de Raphaël, et a été gravé, sous ce nom, par Morghen. Le portrait de Florence n’est pas même de Raphaël. En faveur de ce grand nom, le lecteur voudra-t-il pardonner à cette petite digression ?

Le second portrait précieux de la galerie Barberini est du Guide ; c’est le portrait de Béatrix Cenci, dont on voit tant de mauvaises gravures. Ce grand peintre a placé sur le cou de Béatrix un bout de draperie insignifiant : il l’a coiffée d’un turban ; il eût craint de pousser la vérité jusqu’à l’horrible, s’il eût reproduit exactement l’habit qu’elle s’était fait faire