Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour paraître à l’exécution, et les cheveux en désordre d’une pauvre fille de seize ans qui vient de s’abandonner au désespoir. La tête est douce et belle, le regard très doux et les yeux fort grands : ils ont l’air étonné d’une personne qui vient d’être surprise au moment où elle pleurait à chaudes larmes. Les cheveux sont blonds et très beaux. Cette tête n’a rien de la fierté romaine et de cette conscience de ses propres forces que l’on surprend souvent dans le regard assuré d’une fille du Tibre, di una figlia del Tevere, disent-elles d’elles-mêmes avec fierté. Malheureusement les demi-teintes ont poussé[1] au rouge de brique pendant ce long intervalle de deux cent trente-huit ans qui nous sépare de la catastrophe dont on va lire le récit.

Le troisième portrait de la galerie Barberini est celui de Lucrèce Petroni, belle-mère de Béatrix, qui fut exécutée avec elle. C’est le type de la matrone romaine dans sa beauté et sa fierté[2] naturelles. Les traits sont grands et la carnation d’une éclatante blancheur, les sourcils noirs et fort marqués, le regard est impé-

  1. Édition de 1855 : les demi-teintes de ce portrait ont poussé. N. D. L. É.
  2. Cette fierté ne provient point du rang dans le monde, comme dans les portraits de Van Dyck.