Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/312

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pas que cette supplique soit jamais parvenue aux mains de Sa Sainteté ; du moins fut-il impossible de la retrouver à la secrétairerie des Memoriali, lorsque, Béatrix étant en prison, son défenseur eut le plus grand besoin de cette pièce ; elle aurait pu prouver en quelque sorte les excès inouïs qui furent commis dans le château de Petrella. N’eût-il pas été évident pour tous que Béatrix Cenci s’était trouvée dans le cas d’une légitime défense ? Ce mémorial parlait aussi au nom de Lucrèce, belle-mère de Béatrix.

François Cenci eut connaissance de cette tentative, et l’on peut juger avec quelle colère il redoubla de mauvais traitements envers ces deux malheureuses femmes.

La vie leur devint absolument insupportable, et ce fut alors que, voyant bien qu’elles n’avaient rien à espérer de la justice du souverain, dont les courtisans étaient gagnés par les riches cadeaux de François, elles eurent l’idée d’en venir au parti extrême qui les a perdues, mais qui pourtant a eu cet avantage de terminer leurs souffrances en ce monde.

Il faut savoir que le célèbre monsignor Guerra allait souvent au palais Cenci ; il était d’une taille élevée et d’ailleurs fort bel homme, il avait reçu ce don spécial de la destinée, qu’à quelque chose qu’il