Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

augmentant avec les infirmités de l’âge, qui lui étaient insupportables, il redoublait les traitements atroces qu’il faisait subir aux deux pauvres femmes. Il prétendait qu’elles se réjouissaient de sa faiblesse.

Béatrix, poussée à bout par les choses horribles qu’elle avait à supporter, fit appeler sous les murs de la forteresse Marzio et Olimpio. Pendant la nuit, tandis que son père dormait, elle leur parla d’une fenêtre basse et leur jeta des lettres qui étaient adressées à monsignor Guerra.

Au moyen de ces lettres, il fut convenu que monsignor Guerra promettrait à Marzio et à Olimpio mille piastres s’ils voulaient se charger eux-mêmes de mettre à mort François Cenci. Un tiers de la somme devait être payé à Rome, avant l’action, par monsignor Guerra, et les deux autres tiers par Lucrèce et Béatrix, lorsque, la chose faite, elles seraient maîtresses du coffre-fort de Cenci.

Il fut convenu de plus que la chose aurait lieu le jour de la Nativité de la Vierge, et à cet effet ces deux hommes furent introduits avec adresse dans la forteresse. Mais Lucrèce fut arrêtée par le respect dû à une fête de la Madone, et elle engagea Béatrix à différer d’un jour,