Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/317

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afin de ne pas commettre un double péché[1].

Ce fut donc le 9 septembre 1598, dans la soirée, que, la mère et la fille ayant donné de l’opium avec beaucoup de dextérité à François Cenci, cet homme si difficile à tromper, il tomba dans un profond sommeil.

Vers minuit, Béatrix introduisit elle-même dans la forteresse Marzio et Olimpio ; ensuite Lucrèce et Béatrix les conduisirent dans la chambre du vieillard, qui dormait profondément. Là on les laissa afin qu’ils effectuassent ce qui avait été convenu, et les deux femmes allèrent attendre dans une chambre voisine. Tout à coup elles virent revenir ces deux hommes avec des figures pâles, et comme hors d’eux-mêmes.

— Qu’y a-t-il de nouveau ? s’écrièrent les femmes.

— Que c’est une bassesse et une honte, répondirent-ils, de tuer un pauvre vieillard endormi ! la pitié nous a empêchés d’agir.

En entendant cette excuse, Béatrix fut saisie d’indignation et commença à les injurier, disant :

  1. On traite Dieu comme un despote dont il faut ménager la vanité. Du reste, il ne s’offense qu’indirectement de l’immoralité des actions. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)