Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/342

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restèrent là jusqu’à quatre heures et un quart après midi. Autour de chaque bière brûlaient quatre cierges de cire blanche.

Ensuite, avec ce qui restait de Jacques Cenci, elles furent portées au palais du consul de Florence. À neuf heures et un quart du soir[1], le corps de la jeune fille, recouvert de ses habits et couronné de fleurs avec profusion, fut porté à Saint-Pierre in Montorio. Elle était d’une ravissante beauté ; on eût dit qu’elle dormait. Elle fut enterrée devant le grand autel et la Transfiguration de Raphaël d’Urbin. Elle était accompagnée de cinquante gros cierges allumés et de tous les religieux franciscains de Rome.

Lucrèce Petroni fut portée, à dix heures du soir, à l’église de Saint-Georges. Pendant cette tragédie, la foule fut innombrable ; aussi loin que le regard pouvait s’étendre, on voyait les rues remplies de carrosses et de peuple, les échafaudages, les fenêtres et les toits couverts de curieux. Le soleil était d’une telle ardeur ce jour-là que beaucoup de gens perdirent connaissance. Un nombre infini prit la fièvre ;

  1. C’est l’heure réservée à Rome aux obsèques des princes. Le convoi du bourgeois a lieu au coucher du soleil ; la petite noblesse est portée à l’église à une heure de nuit, les cardinaux et les princes à deux heures et demie de nuit, qui, le 11 septembre, correspondaient à neuf heures et trois quarts.