Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/110

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élégant et qui avait les plus beaux chevaux ; mais, quoiqu’on lui reconnût beaucoup d’esprit, son caractère passait pour tellement léger, qu’il n’était nullement suspect au gouvernement. Vanina pensa qu’en lui faisant d’abord tourner la tête, elle en ferait un agent commode. Comme il était neveu de monsignor Savelli-Catanzara, gouverneur de Rome et ministre de la police, elle supposait que les espions n’oseraient le suivre.

Après avoir fort bien traité, pendant quelques jours, l’aimable don Livio, Vanina lui annonça que jamais il ne serait son époux ; il avait, suivant elle, la tête trop légère.

— Si vous n’étiez pas un enfant, lui dit-elle, les commis de votre oncle n’auraient par de secrets pour vous. Par exemple, quel parti prend-on à l’égard des carbonari découverts dernièrement à Forli ?

Don Livio vint lui dire, deux jours après, que tous les carbonari pris à Forli s’étaient évadés. Elle arrêta sur lui ses grands yeux noirs avec le sourire amer du plus profond mépris, et ne daigna pas lui parler de toute la soirée. Le surlendemain, don Livio vint lui avouer, en rougissant, que d’abord on l’avait trompé.

— Mais, lui dit-il, je me suis procuré