Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/109

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je désespère de notre cause ; le ciel est contre nous. Qui nous a trahis ? apparemment le misérable qui s’est jeté dans le puits. Puisque ma vie est inutile à la pauvre Italie, je ne veux pas que mes camarades, en voyant que, seul, je ne suis pas arrêté, puissent se figurer que je les ai vendus. Adieu ; si vous m’aimez, songez à me venger. Perdez, anéantissez l’infâme qui nous a trahis, fût-ce mon père. »

Vanina tomba sur une chaise, à demi évanouie et plongée dans le malheur le plus atroce. Elle ne pouvait proférer aucune parole ; ses yeux étaient secs et brûlants.

Enfin elle se précipita à genoux :

— Grand Dieu ! s’écria-t-elle, recevez mon vœu ; oui, je punirai l’infâme qui a trahi ; mais auparavant il faut rendre la liberté à Pietro.

Une heure après, elle était en route pour Rome. Depuis longtemps son père la pressait de revenir. Pendant son absence, il avait arrangé son mariage avec le prince Livio Savelli. À peine Vanina fut-elle arrivée, qu’il lui en parla en tremblant. À son grand étonnement, elle consentit dès le premier mot. Le soir même, chez la comtesse Vitteleschi, son père lui présenta presque officiellement don Livio ; elle lui parla beaucoup. C’était le jeune homme le plus