Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

elles réclamaient hautement contre l’injustice de leurs parents, quelquefois elles demandaient des consolations à l’amour, et l’on avait vu les haines et les rivalités du couvent venir agiter la haute société de Florence. Il était résulté de cet état des choses que l’abbesse de Sainte Riparata obtenait des audiences assez fréquentes du grand-duc régnant. Pour violer le moins possible la règle de saint Benoît, le grand-duc envoyait à l’abbesse une de ses voitures de gala, dans laquelle prenaient place deux dames de sa cour, lesquelles accompagnaient l’abbesse jusque dans la salle d’audience du palais du grand-duc, à la Via Larga, laquelle est immense. Les deux dames témoins de la clôture, comme on les appelait, prenaient place sur des fauteuils près de la porte, tandis que l’abbesse s’avançait seule et allait parler au prince qui l’attendait à l’autre extrémité de la salle, de sorte que les dames témoins de la clôture ne pouvaient entendre rien de ce qui se disait durant cette audience.

D’autres fois le prince se rendait à l’église de Sainte Riparata ; on lui ouvrait les grilles du chœur et l’abbesse venait parler à son Altesse.

Ces deux façons d’audience ne convenaient nullement au grand-duc ; elles