Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/136

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eussent peut-être donné des forces à un sentiment qu’il voulait affaiblir. Toutefois, des affaires d’une nature assez délicate ne tardaient pas à survenir dans le couvent de Sainte Riparata : les amours de la sœur Félize degli Almieri en troublaient la tranquillité. La famille degli Almieri était une des plus puissantes et des plus riches de Florence. Deux des trois frères, à la vanité desquels on avait sacrifié la jeune Félize, étant venus à mourir et le troisième n’ayant pas d’enfants, cette famille s’imagina être en butte à une punition céleste. La mère et le frère qui survivait, malgré le vœu de pauvreté qu’avait fait Félize, lui rendaient, sous forme de cadeaux, les biens dont on l’avait privée pour faire briller la vanité de ses frères.

Le couvent de Sainte Riparata comptait alors quarante-trois religieuses. Chacune d’elles avait sa camériste noble ; c’étaient des jeunes filles prises dans la pauvre noblesse, qui mangeaient à une seconde table et recevaient du trésorier du couvent un écu par mois pour leurs dépenses. Mais, par un usage singulier et qui n’était pas très favorable à la paix du couvent, on ne pouvait être camériste noble que jusqu’à l’âge de trente ans ; arrivées à cette époque de la vie, ces filles se mariaient