Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/138

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Le grand-duc voulut couper court à une tracasserie qui pouvait agiter la ville. Ses ministres le pressaient d’accorder une audience à l’abbesse de Sainte Riparata, et comme cette fille, d’une vertu céleste et d’un caractère admirable, ne daignerait probablement pas appliquer son esprit tout absorbé dans les choses du Ciel au détail d’une tracasserie aussi misérable, le grand-duc devait lui communiquer une décision qu’elle serait seulement chargée d’exécuter. « Mais comment pourrai-je prendre cette décision », se disait ce prince raisonnable, « si je ne sais absolument rien des raisons que peuvent faire valoir les deux partis ? » D’ailleurs, il ne voulait point sans des raisons suffisantes se faire un ennemi de la puissante famille des Almieri.

Le Prince avait pour ami intime le comte Buondelmonte, qui avait une année de moins que lui, c’est-à-dire trente-cinq ans. Ils se connaissaient depuis le berceau, ayant eu la même nourrice, une riche et belle paysanne du Casentino. Le comte Buondelmonte, fort riche, fort noble et l’un des plus beaux hommes de la ville, était remarquable par l’extrême indifférence et la froideur de son caractère. Il avait renvoyé bien loin la prière d’être premier ministre, que le grand-duc Fer-