Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/140

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jamais femme n’a eu d’empire sur votre âme pendant une journée entière ; je suis bien loin d’avoir le même bonheur ; il n’eût tenu qu’à moi de recommencer toutes les folies que mon frère a faites pour Bianca Capello. » Ici, le prince entra dans des confidences intimes, à l’aide desquelles il comptait séduire son ami. « Sachez », lui dit-il, « que, si je revois cette fille si douce que j’ai faite abbesse de Sainte Riparata, je ne puis plus répondre de moi.

— Et où serait le mal ? » lui dit le comte. « Si vous trouvez du bonheur à avoir une maîtresse, pourquoi n’en prendriez-vous pas une ? Si je n’en ai pas près de moi, c’est que toute femme m’ennuie par son commérage et les petitesses de son caractère, au bout de trois jours de connaissance.

— Moi », lui dit le grand-duc, « je suis cardinal. Le Pape, il est vrai, m’a donné la permission de résigner le chapeau et de me marier, en considération de la couronne qui m’est survenue ; mais je n’ai point envie de brûler en enfer et, si je me marie, je prendrai une femme que je n’aimerai point et à laquelle je demanderai des successeurs pour ma couronne et non point les douceurs vulgaires du mariage.

— C’est à quoi je n’ai rien à dire, »