Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/147

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gens avaient à surmonter de grandes difficultés, pour pénétrer dans le couvent. La sévérité avait redoublé, ou plutôt l’ancienne licence avait été tout à fait supprimée depuis l’avènement au trône du grand-duc Ferdinand. L’abbesse Virgilia voulait faire suivre la règle dans toute sa sévérité, mais ses lumières et son caractère ne répondaient point à ses bonnes intentions, et les observateurs mis à la disposition du comte lui apprirent qu’il ne se passait guère de mois sans que Rodéric, Lancelot et deux ou trois autres jeunes gens, qui avaient des relations dans le couvent, ne parvinssent à voir leurs maîtresses. Les immenses jardins du couvent avaient obligé l’évêque à tolérer l’existence de deux portes qui donnaient sur l’espace vague qui existe derrière le rempart, au nord de la ville. Les religieuses fidèles à leur devoir, et qui étaient en grande majorité dans le couvent, ne connaissaient point ces détails avec autant de certitude que le comte, mais elles les soupçonnaient et partaient de l’existence de cet abus pour ne point obéir aux ordres de l’abbesse en ce qui les concernait.

Le comte comprit facilement qu’il ne serait point aisé de rétablir l’ordre dans ce couvent, tant qu’une femme aussi faible que l’abbesse serait à la tête du gouverne-