Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/149

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Félize, « que parce qu’il a plus de trente-cinq ans, ce serait un vieillard ridicule comme nos confesseurs, et je trouve au contraire un homme vraiment digne de ce nom. Il ne porte point, à la vérité, le costume exagéré qui fait une grande partie du mérite de Rodéric et des autres jeunes gens que j’ai connus ; il leur est fort inférieur pour la quantité de velours et de broderies d’or qu’il porte dans ses vêtements, mais en un instant, s’il le voulait, il peut se donner ce genre de mérite, tandis que les autres, je pense, auraient bien de la peine à imiter la conversation sage, raisonnable et réellement intéressante du comte Buondelmonte. » Félize ne se rendait pas bien exactement compte de ce qui donnait une physionomie si singulière à ce grand homme vêtu de velours noir, avec lequel depuis une heure elle parlait de beaucoup de sujets divers.

Quoiqu’évitant avec beaucoup de soin tout ce qui aurait pu l’irriter, le comte était loin de lui céder en toutes choses, ainsi que l’avaient toujours fait tour à tour les hommes qui avaient eu des relations avec cette fille si belle, d’un caractère si impérieux et à laquelle on connaissait des amants. Comme le comte n’avait aucune prétention, il était simple et naturel avec elle ; seulement, il avait évité de