Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/150

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traiter en détail, jusque-là, les sujets qui pouvaient la mettre en colère. Il fallut pourtant bien en venir aux prétentions de la fière religieuse ; on avait parlé des désordres du couvent.

« Au fait, madame, ce qui trouble tout ici, c’est la prétention, peut-être justifiable jusqu’à un certain point, d’avoir deux femmes de chambre de plus que les autres, que met en avant l’une des personnes les plus remarquables de ce couvent.

— Ce qui trouble tout ici, c’est la faiblesse du caractère de l’abbesse, qui veut nous traiter avec une sévérité absolument nouvelle et dont jamais on n’eut idée. Il peut y avoir des couvents remplis de filles réellement pieuses, qui aiment la retraite et qui aient songé à accomplir réellement les vœux de pauvreté, d’obéissance, etc., etc. qu’on leur a fait faire à dix-sept ans ; quant à nous, nos familles nous ont placées ici, pour laisser toutes les richesses de la maison à nos frères. Nous n’avions d’autre vocation que l’impossibilité de nous enfuir et de vivre ailleurs qu’au couvent, puisque nos pères ne voulaient plus nous recevoir dans leurs palais. D’ailleurs, quand nous avons fait ces vœux si évidemment nuls aux yeux de la raison, nous avions toutes été pensionnaires une ou plusieurs années dans le couvent ;