Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

César, chevalier de Malte, qui l’avait blessé, lorsque tout à coup il raidit les bras et expira.

Céliane interrompit les transports de Fabienne. Une fois certaine de la mort de Lorenzo, elle sembla l’avoir oublié et ne se souvint plus que du péril qui les environnait, elle et sa chère Fabienne. Celle-ci était tombée évanouie sur le corps de son amant. Céliane la releva à demi et la secoua vivement, pour la rappeler à elle.

« Ta mort et la mienne sont certaines, si tu te livres à cette faiblesse », lui dit-elle à voix basse, en pressant sa bouche contre son oreille, afin de n’être point entendue de l’abbesse, qu’elle distinguait fort bien appuyée contre la balustrade de la terrasse de l’orangerie, à douze ou quinze pieds à peine au-dessus du sol du jardin. « Réveille-toi », lui dit-elle, « prends soin de ta gloire et de ta sûreté ! Tu seras de longues années en prison dans un cachot obscur et infect, si dans ce moment tu t’abandonnes plus longtemps à ta douleur. »

Dans ce moment l’abbesse qui avait voulu descendre, s’approchait des deux malheureuses religieuses, appuyée sur le bras de Félize.

« Pour vous, madame », lui dit Céliane