Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/19

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souverain d’avoir confiance en des gens qui pouvaient avoir un autre intérêt que le sien, les États de Sa Sainteté étaient gouvernés despotiquement par ses trois neveux. Le cardinal était premier ministre et disposait des volontés de son oncle ; le duc de Palliano avait été créé général des troupes de la sainte Église ; et le marquis de Montebello, capitaine des gardes du palais, n’y laissait pénétrer que les personnes qui lui convenaient. Bientôt ces jeunes gens commirent les plus grands excès ; ils commencèrent par s’approprier les biens des familles contraires à leur gouvernement. Les peuples ne savaient à qui avoir recours pour obtenir justice. Non-seulement ils devaient craindre pour leurs biens, mais, chose horrible à dire dans la patrie de la chaste Lucrèce, l’honneur de leurs femmes et de leurs filles n’était pas en sûreté. Le duc de Palliano et ses frères enlevaient les plus belles femmes ; il suffisait d’avoir le malheur de leur plaire. On les vit, avec stupeur, n’avoir aucun égard à la noblesse du sang, et, bien plus, ils ne furent nullement retenus par la clôture sacrée des saints monastères. Les peuples, réduits au désespoir, ne savaient à qui faire parvenir leurs plaintes, tant était grande la terreur que les trois frères avaient inspirée à tout ce qui approchait