Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/202

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Vous savez qu’en 1711 Louis XIV, privé des grands hommes qui étaient nés en même temps que lui, et rapetissé par Mme de Maintenon, eut le fol orgueil d’envoyer régner en Espagne un enfant, le duc d’Anjou, qui plus tard fut Philippe V, fou, brave et dévot. Il valait bien mieux, comme le proposaient les étrangers, réunir à la France la Belgique et le Milanais.

La France eut des malheurs, mais son roi qui, jusque-là, n’avait trouvé que des succès faciles et une gloire de comédie, montra une vraie grandeur dans les infortunes. La victoire de Denain et le fameux verre d’eau tombé sur la robe de la duchesse de Marlborough donnèrent à la France une paix assez glorieuse.

Vers ce temps, Philippe V, qui régnait toujours en Espagne, perdit la reine son épouse. Cet événement et sa vertu monacale le rendirent presque fou. Dans cet état, il sut chercher dans un grenier, à Parme, faire arriver en Espagne, et enfin épouser la célèbre Élisabeth Farnèse. Cette grande reine montra du génie au milieu des puérilités orgueilleuses de l’Espagne, qui depuis sont devenues si célèbres en Europe, et, sous le nom vénéré d’étiquette