Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/206

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Don Carlos, quoique élevé par des prêtres et dans toutes les rigueurs de l’étiquette, se trouva ne pas manquer d’intelligence. Il réunit une cour brillante, il chercha à s’attacher par des faveurs singulières les jeunes seigneurs qui sortaient du collège lors de sa première venue à Naples et qui n’avaient pas plus de vingt ans à l’époque de la bataille de Velletri. Plusieurs de ces jeunes gens s’étaient fait tuer dans les rues de Velletri, lors de la surprise, pour que leur roi, aussi jeune qu’eux, ne fût pas fait prisonnier.

Le roi tira parti de tous les essais de conspiration que l’Autriche essaya de soudoyer. Ses juges appelèrent d’infâmes traîtres les nigauds, partisans-nés de tous les pouvoirs qui ont quelques années de date.

Don Carlos ne fit exécuter aucune des sentences de mort, mais il accepta la confiscation de beaucoup de belles terres. Le génie napolitain, qui aime naturellement tout ce qui est fastueux et brillant, enseigna aux seigneurs de la cour que, pour plaire à ce jeune roi, il fallait faire beaucoup de dépense. Le roi laissa se ruiner tous les seigneurs que son ministre Tanucci lui dénonçait comme secrètement dévoués à la maison d’Autriche. Il ne fut contrecarré que par Acquaviva, arche-