Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/208

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roi et elle s’accoutumait fort bien à payer des impôts dont le produit, au lieu d’être transporté tous les six mois à Madrid ou en Autriche, était distribué en partie aux jeunes gens qui s’amusaient et aux jeunes femmes. En vain l’archevêque Acquaviva, soutenu par tous les vieillards et par toutes les femmes qui n’étaient plus jeunes, faisait insinuer dans tous les sermons que le genre de vie de la cour conduisait à l’abomination de la désolation. Toutes les fois que le roi ou la reine sortaient du palais, les cris de joie et les vivats du peuple s’entendaient à plus d’un quart de lieue de distance. Comment donner une idée des cris de ce peuple naturellement criard et qui se trouvait alors réellement content ?…

Cet hiver qui suivit la bataille de Velletri, plusieurs seigneurs de la cour de France étaient venus, sous prétexte de santé, passer l’hiver à Naples. Ils étaient bienvenus au château ; les plus riches seigneurs se faisaient un devoir de les inviter à toutes leurs fêtes ; l’antique gravité espagnole et les rigueurs de l’étiquette, qui proscrivaient entièrement les visites du matin faites aux jeunes femmes et qui