Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/23

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ville de Rome. La fatalité voulut que Capecce, le favori du duc, celui-là même qui en secret était amoureux de la duchesse, et qui passait pour le plus bel homme de la capitale du monde, se fût attaché depuis quelque temps à la Martuccia. Ce soir-là, il la chercha dans tous les lieux où il pouvait espérer la rencontrer. Ne la trouvant nulle part, et ayant appris qu’il y avait un souper dans la maison Lanfranchi, il eut soupçon de ce qui se passait, et sur les minuit se présenta chez Lanfranchi, accompagné de beaucoup d’hommes armés.

La porte lui fut ouverte, on l’engagea à s’asseoir et à prendre part au festin ; mais, après quelques paroles assez contraintes, il fit signe à la Martuccia de se lever et de sortir avec lui. Pendant qu’elle hésitait, toute confuse et prévoyant ce qui allait arriver, Capecce se leva du lieu où il était assis, et, s’approchant de la jeune fille, il la prit par la main, essayant de l’entraîner avec lui. Le cardinal, en l’honneur duquel elle était venue, s’opposa vivement à son départ ; Capecce persista, s’efforçant de l’entraîner hors de la salle.

Le cardinal premier ministre, qui, ce soir-là, avait pris un habit tout différent de celui qui annonçait sa haute dignité, mit l’épée à la main, et s’opposa avec la