Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/237

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la présence de cette jeune fille en voile blanc qui pouvait être étonnée de leur attitude peu religieuse et en parler au dehors. Il faut savoir qu’à Naples, dès la première enfance, les jeunes filles ont l’habitude de parler avec les doigts, dont les diverses positions forment des lettres. On les voit ainsi, dans les salons, discourir en silence avec un jeune homme arrêté à vingt pas d’elles, pendant que leurs parents font la conversation à haute voix.

Gennarino tremblait que la vocation de Rosalinde ne fût sincère. Il s’était retiré un peu en arrière, sous la porte cochère, et de là il lui disait avec le langage des enfants :

— Depuis que je ne vous vois plus, je suis malheureux. Dans le couvent, êtes-vous heureuse ? Avez-vous la liberté de venir souvent au belvédère ? Aimez-vous toujours les fleurs ?

Rosalinde le regardait fixement, mais ne répondait pas. Tout à coup, elle disparut, soit qu’elle eût été appelée par la maîtresse des novices, soit qu’elle eût été offensée du peu de mots que Don Gennarino lui avait adressés. Celui-ci resta fort affligé.

Il monta dans ce joli bois qui domine Naples et qu’on appelle l’Arenella. Là s’étend le mur d’enceinte de l’immense jardin du couvent de San Petito. En