Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/238

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continuant sa promenade mélancolique, il arriva à la plaine du Vomero, qui domine Naples et la mer ; il alla jusqu’à une lieue de là, au magnifique château du duc Vargas del Pardo. Ce château était une forteresse du moyen âge, aux murs noirs et crénelés ; il était célèbre dans Naples par son aspect sombre et par la manie qu’avait le duc de s’y faire servir uniquement par des domestiques venus d’Espagne, et tous aussi âgés que lui. Il disait que, quand il était en ce lieu, il se croyait en Espagne, et, pour augmenter l’illusion, il avait fait couper tous les arbres d’alentour. Toutes les fois que son service auprès du roi le lui permettait, le duc venait prendre l’air dans son château de San Nicolo.

Cet édifice sombre augmenta encore la tristesse de Don Gennarino. Comme il s’en revenait, suivant tristement l’enceinte du jardin de San Petito, une idée le saisit :

— Sans doute elle aime encore les fleurs, se dit-il ; les religieuses doivent en faire cultiver dans cet immense jardin ; il doit y avoir des jardiniers, il faut que je parvienne à les connaître.

Dans ce lieu fort désert, il y avait une petite osteria (cabaret) ; il y entra ; mais il n’avait pas songé, au milieu de l’ardeur que lui donna son idée, que ses habits