Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/283

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personne que moi, son grand-chambellan, fût le porteur de cet ordre.

À ces mots, l’abbesse tomba aux genoux du duc de Vargas.

— Je rendrai compte à Sa Majesté elle-même de ma désobéissance apparente aux ordres du roi. La position dans laquelle je parais devant vous, monsieur le duc, est un témoignage frappant de mon respect pour votre personne et votre dignité.

— Elle est morte ! s’écria le duc. Mais, par San Gennaro, je la verrai.

Le duc était tellement hors de lui-même qu’il tira son épée. Il ouvrit la porte, il appela son aide de camp, qui était resté dans un des premiers salons de l’abbesse.

— Tirez votre épée, duc d’Atri ; faites monter mes deux ordonnances ; il s’agit ici d’une affaire de vie et de mort. Le roi m’a chargé d’arrêter la jeune princesse Rosalinde.

L’abbesse Angela se leva et voulut prendre la fuite.

— Non, madame, s’écria le duc. Vous ne me quitterez que pour monter comme prisonnière au château Saint-Elme. On conspire, ici.

Dans son trouble mortel, le duc cherchait à se créer des excuses pour le viol de la sainte clôture. Le duc se disait : « Si l’abbesse refuse de me conduire, si les