Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/34

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était en proie aux mouvements les plus cruels ; elle tira la plus étrange conséquence de l’instant d’ennui que la duchesse avait éprouvé en entendant la répétition de ses plaintes. Diane se persuada que c’était la duchesse qui avait engagé Domitien Fornari à la quitter pour toujours, et qui, de plus, lui avait fourni les moyens de voyager. Cette idée folle n’était appuyée que sur quelques remontrances que jadis la duchesse lui avait adressées. Le soupçon fut bientôt suivi de la vengeance. Elle demanda une audience au duc et lui raconta tout ce qui se passait entre sa femme et Marcel. Le duc refusa d’y ajouter foi.

— Songez, lui dit-il, que depuis quinze ans je n’ai pas eu le moindre reproche à faire à la duchesse ; elle a résisté aux séductions de la cour et à l’entraînement de la position brillante que nous avions à Rome ; les princes les plus aimables, et le duc de Guise lui-même, général de l’armée française, y ont perdu leurs pas, et vous voulez qu’elle cède à un simple écuyer ?

Le malheur voulut que le duc s’ennuyant beaucoup à Soriano, village où il était relégué, et qui n’était qu’à deux petites lieues de celui qu’habitait sa femme, Diane put en obtenir un grand