Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je ne sais rien ; depuis plus de vingt jours je suis brouillé avec Marcel.

Comme il s’obstinait à ne rien dire de plus, le seigneur duc appela du dehors quelques-uns de ses gardes. Grifone fut lié à la corde par le podestat de Soriano. Les gardes tirèrent les cordes, et, par ce moyen, enlevèrent le coupable à quatre doigts de terre. Après que le capitaine eut été ainsi suspendu un bon quart d’heure, il dit :

— Descendez-moi, je vais dire ce que je sais.

Quand on l’eut remis à terre, les gardes s’éloignèrent et nous restâmes seuls avec lui.

— Il est vrai que plusieurs fois j’ai accompagné Marcel jusqu’à la chambre de la duchesse, dit le capitaine, mais je ne sais rien de plus, parce que je l’attendais dans une cour voisine jusque vers les une heure du matin.

Aussitôt on rappela les gardes, qui, sur l’ordre du duc, l’élevèrent de nouveau, de façon que ses pieds ne touchaient pas la terre. Bientôt le capitaine s’écria :

— Descendez-moi, je veux dire la vérité. Il est vrai, continua-t-il, que, depuis plusieurs mois, je me suis aperçu que Marcel fait l’amour avec la duchesse, et je voulais en donner avis à Votre Excellence ou à