Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/58

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La vanité du chevalier le consolait un peu de son ennui ; il avait déjà envoyé à Paris deux ou trois portraits de la Campobasso. Du reste comblé de tous les genres de biens et d’avantages, pour ainsi dire, dès l’enfance, il portait l’insouciance de son caractère jusque dans les intérêts de la vanité, qui d’ordinaire maintient si inquiets les cœurs de sa nation.

Sénecé ne comprenait nullement le caractère de sa maîtresse, ce qui fait que quelquefois sa bizarrerie l’amusait. Bien souvent encore, le jour de la fête de sainte Balbine, dont elle portait le nom, il eut à vaincre les transports et les remords d’une piété ardente et sincère. Sénecé ne lui avait pas fait oublier la religion, comme il arrive auprès des femmes vulgaires d’Italie ; il l’avait vaincue de vive force, et le combat se renouvelait souvent.

Cet obstacle, le premier que ce jeune homme comblé par le hasard eût rencontré dans sa vie, l’amusait et maintenait vivante l’habitude d’être tendre et attentif auprès de la princesse ; de temps à autre, il croyait de son devoir de l’aimer. Il y avait une autre raison fort peu romanesque : Sénecé n’avait qu’un confident, c’était son ambassadeur, le duc de Saint-Aignan, auquel il rendait quelques services par la Campobasso, qui savait tout. Et