Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/88

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insouciant, n’ose se confier à personne et se donne la peine de monter cent vingt marches chaque jour.

Un soir, comme Vanina avançait doucement la tête vers la croisée de l’inconnue, elle rencontra ses yeux, et tout fut découvert. Vanina se jeta à genoux, et s’écria :

— Je vous aime, je vous suis dévouée.

L’inconnue lui fit signe d’entrer.

— Que je vous dois d’excuses, s’écria Vanina, et que ma sotte curiosité doit vous sembler offensante ! Je vous jure le secret, et, si vous l’exigez, jamais je ne reviendrai.

— Qui pourrait ne pas trouver du bonheur à vous voir ? dit l’inconnue. Habitez-vous ce palais ?

— Sans doute, répondit Vanina. Mais je vois que vous ne me connaissez pas : je suis Vanina, fille de don Asbrubale.

L’inconnue la regarda d’un air étonné, rougit beaucoup, puis ajouta :

— Daignez me faire espérer que vous viendrez me voir tous les jours ; mais je désirerais que le prince ne sût pas vos visites.

Le cœur de Vanina battait avec force ; les manières de l’inconnue lui semblaient remplies de distinction. Cette pauvre jeune femme avait sans doute offensé quelque