Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/170

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ensemble sans une permission expresse de lui ou de ses successeurs.

Grégoire XIII vint à mourir (au commencement de 1585), et les docteurs en droit, consultés par le prince Paul Orsini, ayant répondu qu’ils estimaient que le precetto était annulé par la mort de qui l’avait imposé, il résolut d’épouser Vittoria avant l’élection d’un nouveau pape. Mais le mariage ne put se faire aussitôt que le prince le désirait, en partie parce qu’il voulait avoir le consentement des frères de Vittoria, et il arriva qu’Octave Accoramboni, évêque de Fossombrone, ne voulut jamais donner le sien, et en partie parce qu’on ne croyait pas que l’élection du successeur de Grégoire XIII dût avoir lieu aussi promptement. Le fait est que le mariage ne se fit que le jour même que fut créé pape le cardinal Montalto, si intéressé dans cette affaire, c’est-à-dire le 24 avril 1585, soit que ce fût l’effet du hasard, soit que le prince fût bien aise de montrer qu’il ne craignait pas plus la corte sous le nouveau pape qu’il n’avait fait sous Grégoire XIII.

Ce mariage offensa profondément l’âme de Sixte-Quint (car tel fut le nom choisi par le cardinal Montalto) ; il avait déjà quitté les façons de penser convenables à un moine, et monté son âme à la hauteur du grade dans lequel Dieu venait de le placer.

Le pape ne donna pourtant aucun signe de colère ; seulement, le prince Orsini s’étant présenté ce même jour avec la foule des seigneurs romains pour lui baiser le pied, et avec l’intention secrète de tâcher de lire, dans