les traits du Saint-Père, ce qu’il avait à attendre ou à craindre de cet homme jusque-là si peu connu, il s’aperçut qu’il n’était plus temps de plaisanter. Le nouveau pape ayant regardé le prince d’une façon singulière, et n’ayant pas répondu un seul mot au compliment qu’il lui adressa, celui-ci prit la résolution de découvrir sur-le-champ quelles étaient les intentions de Sa Sainteté à son égard.
Par le moyen de Ferdinand, cardinal de Médicis (frère de sa première femme), et de l’ambassadeur catholique, il demanda et obtint du pape une audience dans sa chambre : là il adressa à Sa Sainteté un discours étudié, et, sans faire mention des choses passées, il se réjouit avec elle à l’occasion de sa nouvelle dignité, et lui offrit, comme un très fidèle vassal et serviteur, tout son avoir et toutes ses forces.
Le pape l’écouta avec un sérieux extraordinaire, et à la fin lui répondit que personne ne désirait plus que lui que la vie et les actions de Paolo Giordano Orsini fussent à l’avenir dignes du sang Orsini et d’un vrai chevalier chrétien ; que, quant à ce qu’il avait été par le passé envers le Saint-Siège et envers la personne de lui, pape, personne ne pouvait lui dire que sa propre conscience ; que pourtant, lui, prince, pouvait être assuré d’une chose, à savoir, que tout ainsi qu’il lui pardonnait volontiers ce qu’il avait pu faire contre Félix Peretti