Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/185

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Peu après un autre coup d’artillerie fit tomber un pan de la maison, et en même temps le comte de Montemelino de Pérouse, et il mourut dans les ruines, tout fracassé par le boulet.

On vit ensuite sortir de la maison un personnage nommé le colonel Lorenzo, des nobles de Camerino, homme fort riche et qui en plusieurs occasions avait donné des preuves de valeur et était fort estimé du prince. Il résolut de ne pas mourir tout à fait sans vengeance ; il voulut tirer son fusil ; mais, encore que la roue tournât, il arriva, peut-être par la permission de Dieu, que l’arquebuse ne prit pas feu, et dans cet instant il eut le corps traversé d’une balle. Le coup avait été tiré par un pauvre diable, répétiteur des écoliers à Saint-Michel. Et tandis que pour gagner la récompense promise, celui-ci s’approchait pour lui couper la tête, il fut prévenu par d’autres plus lestes et surtout plus forts que lui, lesquels prirent la bourse, le ceinturon, le fusil, l’argent et les bagues du colonel, et lui coupèrent la tête.

Ceux-ci étant morts, dans lesquels le prince Louis avait le plus de confiance, il resta fort troublé, et on ne le vit plus se donner aucun mouvement.

Le seigneur Filenfi, son maître de casa et secrétaire en habit civil, fit signe d’un balcon avec un mouchoir blanc qu’il se rendait. Il sortit et fut mené à la citadelle, conduit sous le bras, comme on dit qu’il est d’usage à la guerre, par Anselme Suardo, lieutenant des seigneurs (magistrats).

Interrogé sur-le-champ, il dit n’avoir aucune