Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/258

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Lavinia, le duc de Palliano à Soriano, et le marquis à Montebello ; par ce bref, le duc était dépouillé de ses appointements réguliers, qui s’élevaient à soixante-douze mille piastres (plus d’un million de 1838).

Il ne pouvait pas être question de désobéir à ces ordres sévères : les Carafa avaient pour ennemis et pour surveillants le peuple de Rome tout entier qui les détestait.

Le duc de Palliano, suivi du comte d’Aliffe, son beau-frère, et de Léonard del Cardine, alla s’établir au village de Soriano, tandis que la duchesse et sa belle-mère vinrent habiter Gallese, misérable hameau à deux petites lieues de Soriano.

Ces localités sont charmantes ; mais c’est un exil, et l’on était chassé de Rome où naguère on régnait avec insolence.

Marcel Capecce avait suivi sa maîtresse avec les autres courtisans dans le pauvre village où elle était exilée. Au lieu des hommages de Rome entière, cette femme, si puissante quelques jours auparavant, et qui jouissait de son rang avec tout l’emportement de l’orgueil, ne se voyait plus environnée que de simples paysans dont l’étonnement même lui rappelait sa chute. Elle n’avait aucune consolation ; son oncle était si âgé que probablement il serait surpris par la mort avant de rappeler ses neveux, et, pour comble de misère, les frères se détestaient entre eux. On allait jusqu’à dire que le duc et le marquis qui ne partageaient point les passions fougueuses du cardinal, effrayés par ses excès, étaient allés jusqu’à le dénoncer au pape leur oncle.