Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/322

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arriver à ces portes, il faut passer par des fossés rapides et glissants, où il est très facile de se casser le cou, surtout lorsqu’il a plu. Jamais je ne vis d’homme aussi furieux que mon voyageur et aussi plaisant dans sa colère contre l’Italie.

— Monsieur, répétait-il souvent, je puis vous le jurer, depuis Marseille je n’ai pas dîné ! Et tout cela pour voir de pareilles horreurs !

Les voyageurs qui d’avance ont pris leur parti sur ces petits inconvénients viennent de Rome à Corneto rechercher des produits de l’art qui déjà auraient été des antiquités du temps des Tarquins, si alors ils eussent été connus ; mais très probablement ces tombeaux n’ont été dépouillés pour la première fois que dans le bas-empire. Oubliés depuis, ils ne furent découverts de nouveau que vers 1814, et cela par un accident arrivé à une charrue. Un fermier de M. le prince de Canino labourait son champ près de Canino, gros bourg qui a donné son titre à M. Lucien Bonaparte, frère de l’empereur Napoléon. Ce joli bourg est situé dans les terres, à cinq ou six lieues de Corneto et de la mer, près de la Fiora, et à peu près au centre de l’ancienne Étrurie. Le bœuf du paysan qui labourait tomba dans un trou de douze ou quinze pieds de profondeur ; on reconnut bientôt qu’il était dans une sorte de cave assez spacieuse, et il fallut pratiquer une rampe jusqu’au fond de cette cave pour en retirer le bœuf. Les paysans s’aperçurent que les parois intérieures de la cave étaient revêtues des couleurs les plus brillantes.