rait pas de sitôt, comme dit le président de Brosses. Revenons à cet homme si savant, mais si exempt de pédantisme.
En 1795, c’est-à-dire cinquante-cinq ans après l’époque où elles furent écrites, ces lettres charmantes eurent l’honneur d’être volées par quelque sans-culotte, et enfin imprimées en 1797, quand, après la terreur et la peur d’être conquis par les armées prussiennes ou autrichiennes, on recommença à être sensible aux plaisirs de l’esprit. Si, en 1815, les étrangers ont fait fusiller le maréchal Ney et cent cinquante autres, Mouton-Duvernet, les frères Faucher, etc., on peut juger de ce qu’ils eussent fait vingt ans plus tôt, avant la gloire de l’Empire, on 1795 ; ils eussent, sans doute, démembré la France, et fusillé tout ce qui s’était battu pour la République.
Quoi qu’il en soit de cette noire échappée de vue, l’imprimeur auquel on porta, vers le temps du Directoire, les lettres volées dans le cabinet de M. de Brosses se hâta de les imprimer, mais d’une étrange façon. Trouvant, par exemple, que l’aimable président parlait avec enthousiasme du fameux compositeur Léo, l’imprimeur prit cela pour une abréviation, et mit le fameux compositeur Léonard de Vinci.
Les bévues de cette espèce sont tellement multipliées dans cette édition princeps de 1797, qu’elle en est à peu près illisible, et jamais le public ne s’en est occupé.
Ce qu’on lui présente en ce moment est une copie exacte et hardie (fearless, comme dit lord Byron) des lettres écrites d’Avignon, de Gènes, de Rome, de Venise,