point bégueule ; aussi a-t-elle produit, en moins d’un siècle, Buffon, Crébillon, Bossuet, Carnot, Rameau, Guyton de Morveau, etc.) Les trois compagnons de notre voyageur ne manquaient, ce me semble, ni de gaieté, ni d’instruction, ni d’envie de s’amuser.
Pendant le cours du voyage, qui dura dix-neuf mois, M. de Brosses, alors âgé de trente ans, écrivait des lettres infinies à ses amis et amies de Dijon, bien chagrins de ne pouvoir visiter avec lui la belle Italie. M. de Brosses parle à chacun d’eux de ce qui peut l’intéresser ; d’antiquités, par exemple, au savant président Bouhier, d’opéra à MM. de Neuilly. Il peint les mœurs d’Italie, et par contrecoup celles de France.
Aucun voyageur, que je sache, à l’exception de Duclos, n’a essayé de nous faire connaître la manière habituelle d’aller à la chasse du plaisir au-delà des Alpes. Ce côté si curieux, mais si difficile, d’un voyage en Italie, est complètement oublié ; on remplace ce qu’on devrait dire par d’ignobles exagérations empruntées aux laquais de place, comme les anecdotes sur les grands peintres. La manière dont on cherche le bonheur dans la vie de tous les jours, les habitudes sociales si opposées aux nôtres, sont tout à fait ignorées. On ne soupçonne pas même ce qui, dans ce genre, est historique, et par conséquent plus facile à voir, car le voyageur vulgaire lit plus aisément dans un livre que dans la réalité. Personne, par exemple, ne se doute de la civilisation de Naples sous ses vice-rois, etc., etc.
Mais la liste des ignorances de vos voyageurs ne fini-