présence, Hélène répondit que, le lendemain et tous les jours suivans, elle passerait sa vie auprès d’elle, mais qu’elle la conjurait de ne pas lui en demander davantage.
Ce mot indiscret fut bientôt suivi d’un aveu complet. La signora de Campireali eut horreur de savoir si près d’elle le meurtrier de son fils. Mais cette douleur fut suivie d’un élan de joie bien vive et bien pure. Qui pourrait se figurer son ravissement lorsqu’elle apprit que sa fille n’avait jamais manqué à ses devoirs ?
Aussitôt tous les desseins de cette mère prudente changèrent du tout au tout ; elle se crut permis d’avoir recours à la ruse envers un homme qui n’était rien pour elle. Le cœur d’Hélène était déchiré par les mouvemens de passion les plus cruels : la sincérité de ses aveux fut aussi grande que possible ; cette ame bourrelée avait besoin d’épanchement. La signora de Campireali qui, depuis un instant, se croyait tout permis, inventa une suite de raisonnemens trop longs à rapporter ici. Elle prouva sans peine à sa malheureuse fille qu’au lieu d’un mariage clandestin, qui fait toujours tache dans la vie d’une femme, elle obtiendrait un mariage public et parfaitement honorable, si elle voulait différer seulement de huit jours l’acte d’obéissance qu’elle devait à un amant si généreux.
Elle, la signora de Campireali, allait partir pour Rome ; elle exposerait à son mari que, bien long temps avant le fatal combat des Ciampi, Hélène avait été mariée à Jules. La cérémonie avait été accomplie la nuit même où,