Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/140

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femmes que j'ai sur les bras depuis trois mois. Mon pfre me pressait depuis long­temps de l'aller voir ; il se plaignait d'être abandonné par son fils. Ma foi, votre mo­rale m'a décidé, je pars, je quitte le séjour de l'aimable Paris, enchanté des choses vraiment belles qui y sont, mais bien dé­goûté de ce qu'on y appelle bonne com­pagnie. D'ailleurs, il est temps de réfléchir. J'ai vingt ans passés, il faut se former des principes sur bien des choses et tâcher de mener une vie moins agitée que par lé passé ! Si je ne craignais pas que vous vous moquassiez de moi, je vous dirais que, barque sans pilote, j'ai erré au gré de toutes les passions qui m'ont successi­vement agité. Je n'en ai plus qu'une ; elle m'occupe tout entier ; toutes les autres se sont évanouies et m'ont laissé le plus profond mépris pour des choses que j'ai bien désirées. Vous ne douterez plus de ma sagesse lorsque vous saurez que, comme le mal est bon à quelque chose, une des illustres dames que j'adore, et qui me fait l'honneur d'être jalouse de moi, a voulu me fixer ici en me donnant une place de sous-lieutenant dans les chasseurs de la garde du Consul. C'était tentant, convenez-en bien. Admirez ma sagesse ; j'ai refusé.

Après ce trait sublime, je compte sur