votre famille ; embrassez pour moi le camarade Pison. Que devient-il dans tout ceci ?
53. — A
A EDOUARD MOUNIER
Claix, 23 Frimaire XII. [Jeudi, 16 Décembre 1803].
Peut-être, mon cher ami, vous ne connaissez plus la voix qui vient vous parler. Il y abien longtemps que je ne vous ai écrit ; mais n'attribuez point ce silence à l'oubli. J'ai eu honte de ne pouvoir montrer à mes amis que les rêveries d'un fou ; elle ont bien dû vous ennuyer dans mes précédentes lettres. Je ne puis cependant me résoudre à rester plus longtemps sans avoir de vos nouvelles et vous dire combien je vous aime. J'ai passé mon temps depuis trois mois dans une extrême solitude ; ce contraste m'a plu en sortant de Paris où tout était pour l'esprit et rien pour le cœur. Ce qu'il y a de singulier, c'est qu'à force de sensibilité je suis parvenu à passer pour insensible dans ma famille ; ils se sont figuré que c'était par ennui d'eux que j'étais