Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/268

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je tomberais dans la bradyspepsie, de la tradyspepsie dans la catalepsie, de la ca­talepsie dans la Russie, et de la Russie dans la privation de la vie.

Je crois tout cela très vrai, de manière qu'il faut que Je m'arrange pour avoir un cheval à Grenoble ; car cet état d'obs­truction finirait par me rendre habituel­lement malheureux, et il est de trop bonne heure à vingt-deux ans. Mais, avoir un cheval, voilà le diable ; car comment v faire consentir mon père à ce luxe effroyable. Il y a un moyen qui est juste ; c'est que je l'achète de mon argent, c'est-à-dire de celui qu'il a promis. Il faut donc que je tâche de bien consoli­der cette promesse de cent livres par an. Alors, en arrivant à Grenoble, j'achète un briquet de vingt-cinq livres et je le fais trotter jusqu'à ce qu'il m'ait ôté mon mai ou que je l'ai tué. Ainsi, tu vois qu'il a un grand intérêt à ce que je guérisse, chef-d'œuvre d'adresse, dit Beaumarchais.

Madame de Nardon a fait un codicille où, entre autres présents à ses amis, elle me laissait mille louis. Je lui ai si forte­ment déclaré qu'elle me désobligerait, que je me suis rayé de ma main.

Je suis malade assez sérieusement depuis quinze jours ; depuis trois, j'ai pris en si grand dégoût non pas toutes les choses de