Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/277

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beaucoup à ma tranquillité. J'ai raisonné hier avec [Mante] sur notre Banque future. Elle s'offre d'une manière on ne peut pas plus riante. Son père lui donnera 30.000 fr. ; si le nôtre veut m'en prêter autant, au bout de la première année, je n'aurai plus besoin de pension pour vivre, et au bout de 8 ans nous aurons 50.000 écus de bien chacun. Nous avons calculé que très probablement dans 10 ans d'ici, notre banque nous rendra à chacun 15.000 fr. de rente.

Tous ces résultats, isolés des raisons qui les prouvent, ont l'air de châteaux en Es­pagne, mais nous les avons bien analysés, le crayon à la main. Mfante] est la meil­leure tête que je connaisse ; il a com­mencé par être grand mathématicien ; cela reste ; je suis son meilleur ami, le seul de tous avec qui il soit toujours d'accord ; il sera très riche un jour. C'est il me semble, le maximum de conve­nances ; quand je me serais bâti un as­socié, je ne l'aurais pas fait autrement.

Me voilà, ma chère amie, avec la pers­pective du plus bel état. Si nous vivons encore 40 ans l'un et l'autre, nous aurons 100.000 fr. de rente chacun. Tout cela en commençant avec 60.000 fr. Mais, comme dit J.-J., les premiers mille francs sont plus difficiles à gagner que le dernier mil-