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11. — A
A SA SŒUR PAULINE
Milan, le 6 Nivôse an IX.
[Samedi, 27 Décembre 1800.]

Je profite du premier moment de tranquillité que j’ai, pour t’écrire, ma chère Pauline, mais ce qui me passe, c’est que tu ne me réponds jamais ; enfin, personne ne peut considérer comme un péché d’écrire à son frère. J’ai appris avec beaucoup de plaisir ton éloignement momentané et presque total de la maison. Te trouvant de bonne heure parmi des étrangers, tu apprendras à être aimable et surtout à ne rien dire qui puisse choquer les personnes avec lesquelles tu es destinée à vivre. Le G[rand]-P[ère] m’a dit que la Logique de Condillac était chez Mademoiselle Lassaigne1. Je t’invite à lire ce livre, tu ne le comprendras pas la première fois, mais, en surmontant ton ennui, tu seras étonnée de te trouver au niveau des plus grands raisonneurs. Je suis re-

1. Mlle Bourcet de la Saigne avait, après la Révolution, fondé à Grenoble l’Institution des dames de Saint-Pierre. Pauline y fau élève, après avoir quitté l’institution des religieuses.