Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/309

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Les passions sont un effet de la volonté ; maïs le sentiment pénible donné par la haine, le sentiment doux et agréable que donne l'amitié, sont sensations internes.

Tu vois que ces idées ne sont pas bien difficiles. ïl n'y a pas plus loin de l'avant-dernière idée du livre de Tracy, à la der­nière, que de la première à la seconde, comme il n'y a pas plus loin de quatre-vingt-dix-neuf à cent que de un à deux.

Voilà cependant, ma chère Pauline, cette science dite si difficile par les tar­tufes, qui craignent qu'il ne se forme des Cléantes.

Copie ces neuf pages tout de suite, en changeant les exemples, les mots le plus possible. Si tu savais l'italien, cette langue sublime, je te dirais de les copier en ita­lien ; en tout, les mots ne sont rien. Que me fait de dire :

Donnez-moi du pain, Give me some bread, Date mi del pane, Da miîii panem,

pourvu qu'on me donne un bon morceau de pain.

Adieu ; écris-moi vite. Figure-toi que hier, en escarpins, à onze heures du soir, j'ai fait une lieue pour aller acheter Tracy. Je sortais du Philinle de Molière, par Fabre, et ce chef-d'œuvre m'avait telle-